Santé pour tous ou profits pour quelques-uns ?

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La pandémie due au virus SARS-CoV-2 a fait prendre conscience, même aux privilégiés des pays développés, que la santé est un bien précieux et qu’elle ne sera préservée que grâce à la solidarité et l’entraide d’un très grand nombre d’humains. Confrontée au triste constat qu’une minorité entend toutefois profiter de la situation pour accroître encore ses profits, l’Agora des Habitants de la Terre voit confirmées les priorités[1] qu’elle défend depuis longtemps et lance dès lors une vaste campagne internationale visant à rendre accessibles les vaccins à toutes et tous, sans que certains ne profitent d’un rapport de force que la peur déséquilibrerait en leur faveur.

L’Agora des Habitants de la Terre constate que la crise sanitaire met en exergue le fait que notre système économique est profondément injuste et inégalitaire. Il est évident que la mise à l’arrêt de notre économie afin de diminuer les contacts et donc la propagation de la Covid-19 fragilise essentiellement les plus faibles, augmentant par le fait même les inégalités.

Afin de pouvoir reprendre une vie avec des activités sociales, le monde a misé sur les vaccins. De nombreux États occidentaux ont financé des recherches et différentes grandes firmes pharmaceutiques se sont engagées dans une course pour être les premières pour mettre sur le marché un vaccin anti-Covid. On voit au passage avec le retard annoncé dans la production des vaccins Pfizer, que ces entreprises n’honorent pas toujours leurs promesses faites aux financeurs publics…

Les vaccins doivent ĂŞtre un bien commun public mondial

C’est la logique des intérêts économiques, avec le maintien des brevets, que les États et les firmes pharmaceutiques ont privilégiée dans cette dynamique qui apparaît comme la seule réponse efficace à la pandémie. Pour l’Agora, c’est inacceptable : le droit à la santé est un droit universel et il est bafoué par la commercialisation de ce qui devrait être un bien commun public mondial. Si c’était le cas, un même vaccin pourrait être produit partout dans le monde en même temps. De la sorte, la pandémie serait enrayée plus rapidement [2].

Le droit à la santé n’est pas seulement le droit d’accessibilité au vaccin anti-Covid, mais il implique également le principe d’accès à l’eau potable, l’accès à une alimentation saine, accès à un logement salubre, l’accès à l’éducation et d’information. Il y a un lien fondamental entre le droit à la santé et le droit à la sécurité de vie pour tous dans l’égalité et la justice.

Le brevet aussi bien sur les vaccins que sur les médicaments thérapeutiques rend les pays pauvres dépendants de la charité des pays riches. Il faut bannir la finance des biens vitaux pour la vie, car la logique inhérente à la finance capitaliste fait qu’elle est prédatrice de la santé et de la vie. Les brevets privés à but lucratif sur le vivant constituent l’instrument avec lequel le système dominant capte et s’approprie la valeur de la vie.[2]

L’Agora demande donc aux États de prendre des engagements visant à mettre en place une politique commune globale et publique de la santé pour garantir le respect des droits universels. Pour cela il faut retirer les activités de la recherche sur les traitements et les vaccins de la logique de rentabilité financière. Cette recherche doit se mutualiser mondialement.

Sortir des logiques nationales

L’Agora des Habitants d la Terre regroupe à travers le monde un nombre important de personnes qui sont persuadées qu’il n’y aura pas de solution aux problèmes écologiques, climatiques, sociaux, ou en matière de santé si nous continuons à penser en termes nationaux.

Nous devons avoir une réflexion et une action mondiale, afin d’agir sur deux grands fléaux que sont les inégalités amenant guerre et pauvreté ainsi que la destruction de la terre et du vivant.

Ce groupe de personnes se déclare, avant toute identité particulière ou nationale, d’être avant tout des Habitants de la Terre.

L’Agora est persuadée qu’il est possible d’éradiquer les principaux fléaux qui pèsent sur les vivants, mais il faut être conscients que cela ne se fera pas sans grands changements de nos modes de pensée. Le système économique occidental dominant favorise l’exploitation d’un grand nombre par une toute petite minorité… C’est ce système qu’il nous faut changer…

Au nom de l’humanité, il est impérieux de construire un monde possible pour tous. Nous devons avoir l’audace mondiale de nous attaquer aux sources, à la racine des problèmes qui ne sont pas, comme les puissants auraient tendance à nous faire croire, naturels et inévitables.

Le changement de paradigme doit s’opérer sur différents axes :

  • dĂ©clarer la pauvretĂ© illĂ©gale, car la pauvretĂ©, source d’inĂ©galitĂ© et d’exclusion est une violence non acceptable faite Ă  la dignitĂ© humaine ;
  • dĂ©sarmer la guerre qui est la nĂ©gation de la vie et du vivre ensemble ;
  • mettre hors la loi la finance spĂ©culative qui est un Ă©lĂ©ment clĂ© dans le problème de dominance d’un petit groupe de personnes sur l’entièretĂ© de l’humanitĂ©.

C’est à ces conditions que l’ensemble des humains retrouvera ses droits à la vie, à l’eau, à la santé… Qui sont des droits universels.

Vers un nouveau contrat social mondial

L’enjeu est de doter l’Humanité d’un statut juridique et politico-institutionnel afin de garantir la sauvegarde, le soin et la pérennité de la vie de la Terre. L’Agora considère que la vie est sacrée et non monnayable. Les biens et services essentiels à la vie doivent dès lors être gérés par les pouvoirs publics dotés des moyens nécessaires grâce à une fiscalité juste. Cette gestion par le public permet d’éradiquer les processus d’appauvrissements liés à l’accessibilité des biens vitaux pour la vie. L’accessibilité des biens vitaux pour la vie est la garantie de nos droits universels (droit à la vie, à l’eau, à la santé, à la connaissance…).

Une nouvelle Ă©conomie sociale

La finance mondiale doit donc être remise au service du bien commun public. La pandémie a démontré l’importance d’une économie guidée par un objectif commun de la sauvegarde de la vie pour garantir à tous le droit universel à la santé et à la vie.

La lutte contre la finance privée dans le domaine de la santé converge vers d’autres luttes, car la prédation de la finance privée s’exerce également dans le domaine de l’environnement, dans les politiques agricoles…

La manière dont la communauté internationale gérera les moyens de lutte contre la pandémie montrera si elle est prête à repenser notre relation collective au vivant ou si elle persiste dans une voie qui conduira à voir notre Terre détruite sous l’action d’intérêts privés.

Agenda

En 2021, une mobilisation internationale et décentralisée sur ces questions est prévue à l’occasion du G20 qui se tiendra à Rome le 21 mai. Rien n’est attendu de ce sommet qui n’a aucune légitimité démocratique, rassemblant uniquement un club de grandes puissances qui s’arrogent le droit de décider pour toutes les autres nations. C’est justement ce fait qui sera dénoncé, de diverses façons, de par le monde. Une autre mobilisation est prévue fin octobre 2021 avec des artistes.

Associations 21 soutient ce mouvement et suivra plus particulièrement les débats sur les Biens Publics Communs Mondiaux.

Références

[1] L’Agora des Habitants de la Terre (AHT) est une initiative lancée par Riccardo Petrella. Celui-ci, fort d’un large réseau international, a constitué cette Agora pour promouvoir ces 5 principes :

  1. Pour le devenir des Habitants de la Terre, une humanité responsable doit apprendre le vivre ensemble en adhérant aux idéaux féministes, écologiques, solidaires, démocratiques et pacifiques (opposés à toute guerre, en particulier, nucléaire).
  1. En vue de la sécurité collective et de la stabilisation climatique, le pouvoir ne peut qu’être réparti entre tous les Habitants de la Terre, l’ONU ne voter qu’en Assemblée générale des 193 pays et le Conseil de Sécurité aboli dans sa forme actuelle.
  1. L’humanité doit se doter d’un Conseil mondial de sécurité par la défense des biens communs publics, qui puisse s’adresser à l’ONU, avec l’oreille de tous les pays.
  1. Les biens et services essentiels (air, eau, santé, biodiversité des semences, santé et connaissances) seraient gratuits, partagés et non marchandisés, la finance spéculative et l’usage des paradis fiscaux mis hors-la-loi, afin d’empêcher la domination des 0,1 % les plus riches sur l’entièreté de l’humanité, victime d’appauvrissement/exclusion/misère.
  2. Les citoyens sont regroupés localement (agir local, penser global), mobilisés par des actions ciblées en défense du bien commun. En 2020, l’action prioritaire commune a été de réclamer avec la science et l’OMS la gratuité des vaccins, libres de brevet.

[2] Vu l’ampleur que prend la campagne internationale pour des vaccins libres de droits, son suivi fait l’objet d’un article disctinct sur ce site, avec les références régulièrement actualisées.