COP15 – BIODIVERSITE ET FINANCIARISATION DE LA NATURE

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What is worse, and destructive of civilization, is the pretence that everything has a price or, in other words, that money is the highest of all values.

E.F.Schumacher, Small is Beautiful, 1974

 

Une victoire « historique » de la conception capitaliste

Les principaux groupes sociaux dominants du monde « occidental » sont conscients d’avoir remportĂ© une victoire idĂ©ologique et politique importante (1) en faisant prendre par la COP15-BiodiversitĂ© Ă  MontrĂ©al (dĂ©cembre 2022) une sĂ©rie de mesures destinĂ©es Ă  concrĂ©tiser le principe de la monĂ©tisation de la nature (Pricing Nature – Donner un prix Ă  la nature), affirmĂ© au TroisiĂšme Sommet de la Terre de l’ONU (« Rio+20 » ) en 2012 (2).

« Donner un prix » Ă  la nature, ce n’est pas cependant la financiarisation de la nature, mais c’en est une condition clĂ©. L’Accord Kunming-MontrĂ©al sur la BiodiversitĂ© globale a apportĂ© les autres piĂšces indispensables pour qu’il y ait financiarisation, Ă  savoir que les Ă©lĂ©ments du monde naturel soient considĂ©rĂ©s essentiellement comme des biens Ă©conomiques, donc appropriables par des sujets privĂ©s et, en particulier, gĂ©rĂ©s par de entreprises cotĂ©es en Bourse. DeuxiĂšme piĂšce pour qu’il y ait financiarisation, ils doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des « avoirs financiers » et, donc, leur prix est Ă©tabli par les marchĂ©s financiers.

Les mesures de la COP15 de MontrĂ©al consolident, au plan mondial, le systĂšme « occidental » dominĂ© par une Ă©conomie capitaliste de marchĂ© rĂ©duisant la nature Ă  une (nouvelle) catĂ©gorie Ă©conomique du capital, le « capital naturel », s’ajoutant au « capital productif », au « capital humain » et, en phase Ă©mergeante, au « capital cognitif ». Autrement dit, la valeur du monde naturel est donnĂ©e par son prix en tant que « avoir financier » et qu’en dehors de son prix en Bourse, qui plus est spĂ©culatif, elle n’a aucune valeur rĂ©elle.

Un rĂ©sultat Insoutenable, et paradoxal. Cette « dĂ©cision historique », selon ses promoteurs, a Ă©tĂ© prise et dĂ©fendue au nom de la conservation, prĂ©servation et soin de la nature par ceux-lĂ  mĂȘmes qui ont Ă©tĂ© les principaux responsables des dĂ©vastations de la nature et des pertes considĂ©rables de la biodiversitĂ©.(3) Quelle supercherie ! En rĂ©alitĂ©, ce paradoxe est intrinsĂšque au systĂšme.

Pour comprendre la portĂ©e de la COP15 -BiodiversitĂ© il faut revenir un peu sur l’histoire rĂ©cente des processus d’appropriation privĂ©e marchande de la vie.

 

Les processus d’appropriation privĂ©e marchande de la vie au cours des 50 derniĂšres annĂ©es

Ces processus se sont dĂ©veloppĂ©s dans le cadre des thĂšses sur « l’économie verte », promues et diffusĂ©es par le monde du business et de la finance en opposition aux thĂšses du dĂ©veloppement durable(4). A l’origine (annĂ©es 70 et dĂ©but 80) le dĂ©veloppement durable se positionna comme un paradigme alternatif au systĂšme capitaliste retenu responsable de la croissance prĂ©datrice et dĂ©vastatrice de la nature. Pour cette raison, comme l’on sait, le monde du business a combattu les thĂ©ories et les propositions du dĂ©veloppement durable.(5). À leur place, il a « inventé » les thĂ©ories de lâ€˜Ă©conomie verte prĂ©sentĂ©e comme gĂ©nĂ©ratrice d’une nouvelle Ă©conomie capable de rĂ©pondre aux dĂ©fis de la globalisation du monde. PrĂ©tendant qu’il ne pourrait jamais y avoir de dĂ©veloppement durable contre ou en dehors de l’économie capitaliste, il a rĂ©ussi Ă  l’imposer comme paradigme dominant pour le monde grĂące Ă  la Banque Mondiale, au Fonds MonĂ©taire International, aux principales banques mondiales, Ă  la World Trade Organisation et, graduellement, aux institutions de l’ONU, ainsi qu’aux mĂ©dias et Ă  une bonne partie du monde universitaire et des forces « rĂ©formistes » au sein du monde social et de la sociĂ©tĂ© civile.

Parmi les divers chemins empruntĂ©s par les promoteurs de l’économie verte, deux ont jouĂ© un rĂŽle efficace majeur.

Il y a eu, d’une part, la pression en faveur du recours Ă  l’analyse coĂ»ts/bĂ©nĂ©fices de toute activitĂ© Ă©conomique, en particulier des activitĂ©s concernant la « mise en valeur » de la nature, cela, en utilisant une sĂ©rie de critĂšres propres de l’économie capitaliste de marchĂ©. D’oĂč le concept d’évaluation monĂ©taire des « services des Ă©cosystĂšmes » rendus par la nature Ă  la vie e Ă  la sociĂ©tĂ©. D’oĂč, aussi, l’impĂ©ratif de « donner un prix de marché » Ă  toute forme de vie aboutissant aux conceptions et aux pratiques de la monĂ©tisation de la nature et de sa bancarisation.

D’autre part, ils ont poussĂ©, avec succĂšs, Ă  la marchandisation et Ă  la privatisation de l’ensemble des biens (et services) communs publics mondiaux essentiels Ă  la vie tels que l’air, l’eau, les semences, les sols, les ocĂ©ans, les forĂȘts, la connaissance, dans le contexte d’une globalisation de l’économie toujours plus inĂ©gale Ă  l’enseigne de la libĂ©ralisation et de la dĂ©rĂ©gulation. Cela a conduit, entre autres, Ă  trois innovations de grande importance pour la comprĂ©hension des dĂ©cisions prises par la COP15 de MontrĂ©al.

En 1990, la Cour SuprĂȘme des États-Unis s’est prononcĂ©e en faveur de la lĂ©galisation de la brevetabilitĂ© du vivant, Ă  savoir le droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle privĂ©e sur toute forme de vie (vĂ©gĂ©tale, animale et humaine, ainsi que celle liĂ©e Ă  l’intelligence artificielle). Une dĂ©cision brutale et intolĂ©rable avec les principes Ă©thiques et sociaux qui avaient interdit auparavant toute brevetabilitĂ© du vivant. Elle a constituĂ© et constitue encore une manne formidable pour les industries agroalimentaires, notamment semenciĂšres, l’industrie pharmaceutique et plus en gĂ©nĂ©ral, des industries de la santĂ©. Ne parlons pas des industries de l’intelligence artificielle (IA). Les populations du « Sud » du monde, notamment d’Afrique, ont appris sur leur peau ce que signifient les brevets sur les mĂ©dicaments, en particulier sur les vaccins. Les brevets ont contribuĂ© Ă  enrichir injustement les propriĂ©taires des actions des multinationales de la santĂ© par des dizaines de milliards d’euros sur 2 ans, alors que la santĂ© des centaines de millions de personnes et leur droit Ă  la vie ont Ă©tĂ© laissĂ©s de cĂŽtĂ©.(6)

En avril 1992, Ă  l’occasion de la ConfĂ©rence de l’ONU sur l’eau et l’environnement Ă  Dublin, en prĂ©paration du Premier Sommet mondial de la Terre Ă  Rio de Janeiro (en juin), la communautĂ© internationale a proclamĂ©, sur proposition de la Banque Mondiale, que l’eau (source de vie, symbole de la vie) n’était pas un bien social, un bien commun, un patrimoine de l’humanitĂ©, un « don » de la nature, mais qu’ elle devait ĂȘtre considĂ©rĂ©e essentiellement comme un bien Ă©conomique donc, selon la doctrine dominante, appropriable Ă  titre privĂ©, soumis aux rĂšgles et aux mĂ©canismes de l’économie de marchĂ©.(7)

Bien qu’une telle proclamation ait soulevĂ© une forte opposition de la part de la sociĂ©tĂ© civile mondiale, la Banque Mondiale publia, l’annĂ©e suivante, un document, Integrated Water Ressources Management, dans lequel sont dĂ©finis et dĂ©taillĂ©s les principes fondamentaux de la politique de l’eau Ă  tous les niveaux territoriaux selon la vision e les prioritĂ©s de la doctrine capitaliste de marchĂ©.(8) L’un des points clĂ© de la nouvelle politique de l’eau bien Ă©conomique a Ă©tĂ© l’axiome que la gestion de l’eau doit ĂȘtre fondĂ©e sur l’établissement d’un prix Ă  payer par les utilisateurs, basĂ© sur le principe de la rĂ©cupĂ©ration totale des coĂ»ts (« Full cost recovery principle), Ă  savoir le profit.(8).L’eau source de profit, quelle belle innovation ! DĂšs lors, pourquoi ne pas considĂ©rer un parc rĂ©gional comme un bien Ă©conomique ? Le pas a Ă©tĂ© fait.

Selon la Banque mondiale, le gouvernement de l’eau doit ĂȘtre assurĂ© par des entreprises privĂ©es dans le cadre d’un partenariat public-privĂ©. Le document de la Banque mondiale a Ă©tĂ© imposĂ© en tant que bible de la politique de l’eau dans le monde « occidental ». La Banque a mĂȘme fait du respect de ses prescriptions une condition sine qua non de l’octroi de prĂȘts aux pays demandeurs pour des investissements dans les infrastructures et les services de l’eau(9). L’exemple de l’eau ne laisse aucun doute sur les visions que les acteurs financiers et du business ont de la vie et de la nature.

Et de fait, lors du mĂȘme Premier Sommet de la Terre, un autre bien essentiel pour la vie, l’air, a Ă©tĂ© marchandisĂ© et monĂ©tisĂ©. Pour lutter contre le dĂ©sastre climatique provoquĂ© par le rĂ©chauffement de l’atmosphĂšre en raison, entre autres, de l’exploitation des Ă©nergies fossiles, les dominants ont pensĂ© que la solution la plus efficace Ă©tait de crĂ©er un marchĂ© mondial des Ă©missions de CO2. Le prix de la tonne de CO2 fut fixĂ© autour de 30 dollars USA. Comme on le sait, ce fut un Ă©chec, mais ils ont rĂ©ussi Ă  transformer l’air en un objet marchand.

 

La déconstruction de la res publica

Il s’agit d’un constat de l’intolĂ©rable. L’eau et l’air, les deux principaux biens communs publics essentiels pour la vie, avec le soleil, ont Ă©tĂ© rĂ©duits Ă  des biens Ă©conomiques, Ă  des marchandises, Ă  des produits industriels et commerciaux. Si l’on ajoute que, comme nous l’avons vu plus haut en parlant des brevets (sur le vivant et sur l’intelligence artificielle), le mĂȘme sort a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© aux semences, Ă  la santĂ© et Ă  la connaissance, force est de constater que le monde du business et de la finance a ravagĂ© la grande architecture sociĂ©tale mise en fonction au XIXe et XXe siĂšcles au prix de grandes luttes sociales, politiques et culturelles, la res publica.

La res publica de l’époque moderne a Ă©tĂ© construite sur deux grands piliers : l’État de droit, social, des droits universels et la sociĂ©tĂ© des biens communs publics. Or, qui dit privatisation et marchandisation des biens communs essentiels pour la vie dit aussi privation/nĂ©gation des droits universels Ă  la vie et de la vie. Nos sociĂ©tĂ©s ne sont plus dans le domaine des droits si, pour disposer de l’eau potable, accĂ©der aux services de la santĂ©, avoir accĂšs Ă  un logement, utiliser les transports collectifs, il faut payer « un prix abordable », c’est-Ă -dire un prix qui permet aux propriĂ©taires des entreprises de production et de fourniture de faire du profit. Elles sont dans le domaine de l’échange marchand oĂč ce qui compte est le pouvoir d’achat.

Cet abandon/destruction de la sociĂ©tĂ© des droits et du vivre ensemble, fondĂ©e sur les liens indissociables entre les droits universels Ă  et de la vie et les biens communs publics mondiaux, constitue un coup terrible Ă  la justice (sociale et Ă©cologique), Ă  la dĂ©mocratie (l’État promoteur et garant du bien-ĂȘtre collectif) et Ă  la fraternitĂ© (paix et solidaritĂ© entre les peuples, les communautĂ©s, les personnes). (10)

On comprend aussi pourquoi le monde du business et de la finance a rĂ©ussi, en 1987, lors de la ConfĂ©rence de l’ONU sur le rapport de la Commission Brundtland sur la « Sustainability », Ă  invertir la nature du rapport entre dĂ©veloppement durable et croissance Ă©conomique qui, dans une sociĂ©tĂ© capitaliste, est antinomique, d’opposition, en un rapport d’interconnexion, bien que hiĂ©rarchique, oĂč la croissance Ă©conomique capitaliste est l’objectif et le dĂ©veloppement durable est rĂ©duit au rĂŽle instrumental de condition nĂ©cessaire pour atteindre l‘objectif !(11)

Cette hiĂ©rarchie a Ă©tĂ© renforcĂ©e en l’an 2000 en tant que l’un des principes inspirateurs de l’Agenda de de l’ONU 2000-2015 « Les Objectifs du dĂ©veloppement du MillĂ©naire » et, surtout, de l’Agenda 2015-2030. « Les Objectifs du DĂ©veloppement Durable ». Elle a jouĂ© aussi un rĂŽle rĂ©fĂ©rentiel dans l’élaboration et l’approbation de la Convention sur la DiversitĂ© biologique (CDB) de l’an 1992 et, ensuite, dans les travaux du Groupe de Travail mis en place par la CDB sur le « Cadre Mondial de la DiversitĂ© biologique post-2020 ».

Miracles de la puissance de l’argent !

 

ll manquait la financiarisation de la nature. C’est dĂ©sormais fait, grĂące au « capital naturel ».

Faut-il s’étonner si, aprĂšs le rappel rapide de ce qui s’est passĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies, l’on soit obligĂ© de raconter la financiarisation de la nature ?

Sur le terreau bien fertile et favorable Ă  leurs valeurs que nous venons de dĂ©crire, les groupes sociaux dominants ont poursuivi leur « conquĂȘte » de la vie de la Terre en s’attaquant Ă  ce qui restait encore hors de leur emprise financiĂšre et qui risquait de se retourner contre eux. Une partie croissante et puissante du monde du business et de la finance s’est rendue compte, entre autres au sein du World Economic Forum, que les dĂ©vastations de la nature Ă©taient devenues un des risques majeurs pour leur rentabilitĂ© voire leur survie. La rarĂ©faction croissante de l’eau, la dĂ©forestation, la pollution/contamination des sols, des ocĂ©ans, le changement climatique et la perte de la biodiversitĂ© ont des effets trĂšs nĂ©gatifs sur les coĂ»ts (croissants) et les taux de profit (dĂ©croissants) de leurs activitĂ©s. La rarĂ©faction de l’eau notamment en Californie et en Australie
) a certainement jouĂ© un rĂŽle d’alerte important.

Dans la derniĂšre Ă©dition du rapport du WEF, The Global Risks Report 2023, les risques liĂ©s Ă  la nature (les 10 prochaines annĂ©es) occupent les quatre premiĂšres places ! Il s’agit de :

  • l’échec des mesures de mitigation du changement climatique ;
  • l’échec de l’adaptation au changement climatique ;
  • les dĂ©sastres naturels et phĂ©nomĂšnes climatiques extrĂȘmes ;
  • La perte de biodiversitĂ© et collapses d’écosystĂšmes(12).

Une partie, influente, du monde de la finance a pris conscience qu’il fallait changer et adopter de nouvelles formes d’exploitation de la nature moins dĂ©vastatrices et prĂ©datrices et capables d’assurer des rendements financiers Ă©levĂ©s et plus stables. D’oĂč les discours sur la transition (Ă©nergĂ©tique, Ă©cologique, agricole, Ă©conomique) devenue un concept qui dit tout sans impliquer nĂ©cessairement des changements structurels. Bien au contraire. Dans un monde de plus en plus caractĂ©risĂ© par la raretĂ© des ressources naturelles stratĂ©giquement importantes pour l’économie et la sĂ©curitĂ© Ă©conomique (et donc pour la puissance militaire et politique), cette partie de la finance a compris que l’équation vertueuse entre «‘durabilité » et « rentabilité » ne pouvait ĂȘtre garantie que par la prise de contrĂŽle sĂ»re et stable de la nature de la part d’une finance ouverte aux exigences Ă©cologiques. Vue Ă  travers le prisme des intĂ©rĂȘts des dominants, la financiarisation de la nature devenait l’instrument plus efficace pour conserver, rĂ©nover et consolider leur suprĂ©matie et leur puissance, tout en se prĂ©sentant comme les sauveurs de la vie de la Terre.

Telle a Ă©tĂ© la philosophie de la Lettre annuelle rĂ©digĂ©e en 2020 par le PDG du plus puissant fonds d’investissement privĂ© au monde, Black Rock(13) et qui a incitĂ© la Bourse de Chicago, la premiĂšre Bourse mondiale pour les tractations financiĂšres sur les matiĂšres premiĂšres, Ă  « mettre l’eau en Bourse » en ouvrant les tractations Ă  long terme sur l’eau au marchĂ© des dĂ©rivĂ©s, les produits les plus spĂ©culatifs.(14)

La mobilisation en faveur de la financiarisation s’est donc accentuĂ©e et accĂ©lĂ©rĂ©e autour de l’objectif « intĂ©grer la nature dans les calculs Ă©conomiques » en tant que « capital naturel » en particulier en tant qu’« avoirs financiers ».

On trouvera, dans l’annexe 1, la liste des initiatives prises par le monde de la finance en faveur de la financiarisation de la nature.

Selon la Natural Capital Coalition, promotrice du Natural Capital Protocol et organisation clĂ© dans la course Ă  la prise de contrĂŽle de la nature par la finance au niveau conceptuel et opĂ©rationnel, le « capital naturel » est ainsi dĂ©fini (15) : « Le stock de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables (par exemple, les plantes, les animaux, l’air, l’eau, les sols, les minĂ©raux) qui se combinent pour produire un flux d’avantages pour les personnes (…) Le capital naturel est l’une des nombreuses autres formes de capital communĂ©ment reconnues. Les autres comprennent le capital financier, manufacturĂ©, social et relationnel, humain et intellectuel. Le capital naturel peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme fondamental pour soutenir toutes les autres formes de capital ; il fournit les ressources avec lesquelles nous construisons nos sociĂ©tĂ©s, nos Ă©conomies et nos institutions et rĂ©gule finalement les conditions environnementales qui permettent la vie humaine. En outre, les avantages du capital naturel (par exemple, l’eau douce) ne sont souvent rĂ©alisĂ©s que par l’application d’autres formes de capital (par exemple, le capital manufacturĂ© comme une pompe Ă  eau qui est achetĂ© Ă  l’aide de capital financier et possĂ©dĂ© et exploitĂ© grĂące au capital social et humain). Cette intĂ©gration rend impossible de sĂ©parer complĂštement une forme de capital des autres, et la prise en compte des compromis entre elles fera partie de toute dĂ©cision ».

L’objectif poursuivi par la Coalition est exprimĂ© de maniĂšre claire et prĂ©cise dĂšs la premiĂšre page de son site : « Our ambition is that by 2030 the majority of businesses, financial institutions and governments will include the value of natural capital, social capital and human capital in their decision-making and that this will deliver a fairer, just and more sustainable world » https://capitalscoalition.org/the-coalition/

Il en est de mĂȘme en ce qui concerne les objectifs du Protocole : « Le Protocole s’adresse principalement aux gestionnaires des dĂ©partements de durabilitĂ©, d’environnement, de santĂ© et de sĂ©curitĂ©, et des opĂ©rations, afin de les aider Ă  gĂ©nĂ©rer des informations sur l’Ă©valuation du capital naturel qui peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans les processus d’affaires existants, tels que les Ă©valuations des risques, les achats, les plans de livraison opĂ©rationnels, la planification financiĂšre ou les documents du conseil d’administration. (….) Si le protocole constitue une avancĂ©e importante, la rĂ©alisation de la vision de la Coalition d’un monde oĂč les entreprises conservent et amĂ©liorent le capital naturel nĂ©cessitera Ă©galement un accord sur les rĂšgles relatives aux donnĂ©es et informations utilisĂ©es pour Ă©clairer les dĂ©cisions. Le succĂšs exigera la crĂ©ation d’environnements politiques favorables et l’intĂ©gration du capital naturel dans toutes les dĂ©cisions, de sorte qu’en fin de compte, il devienne une partie intĂ©grante des activitĂ©s habituelles ». Source, Natural Capital Protocol, janvier 2021,pp. 2,3, 1 et 6. (traduction Deepl)

L’esprit inspirateur du concept est purement d’ordre Ă©conomique : intĂ©grer  la nature dans le calcul de la valeur Ă©conomique en tant que « capital » Ă  la fois facteur de production de biens et pourvoyeur de services dits Ă©cosystĂ©miques bĂ©nĂ©fiques, affirme-t-on, Ă  la vie et au bien-ĂȘtre des humains. On note, en outre, deux passages propres Ă  l’idĂ©ologie du capitalisme global, Ă  savoir, le rĂŽle de l’État est de crĂ©er des « policy environments » favorables Ă  l’économie ; l’intĂ©gration de la valeur Ă©conomique du capital naturel doit ĂȘtre opĂ©rĂ©e dans toutes les dĂ©cisions. Autrement dit, la prise en compte de la nature en tant que capital dont la valeur est donnĂ©e par son prix en tant que avoir financier, doit devenir une caractĂ©ristique du systĂšme. Une maniĂšre Ă©lĂ©gante pour soutenir que la financiarisation de la nature doit ĂȘtre totale.

La rĂ©ponse concrĂšte du monde de la finance n’a pas tardĂ© Ă  venir. Moins d’un un an aprĂšs la dĂ©cision de la Bourse de Chicago sur l’eau, la Bourse de New York, Wall Street, la plus importante au monde, a dĂ©cidĂ©, fin avril 2021, d’ouvrir une nouvelle classe d’avoirs financiers couvrant tous les Ă©lĂ©ments du monde naturel de terre et d’eau (l’ensemble de la nature) et, Ă  cette fin, de promouvoir la crĂ©ation d’une nouvelle catĂ©gorie d’entreprises cotĂ©es en bourse, les Natural Capital Corporations, NCC. Par la mĂȘme occasion, elle a proposĂ© que 30% du monde naturel soient confiĂ©s Ă  la gestion de ces nouvelles entreprises dont la tĂąche serait de restaurer, conserver ou amĂ©liorer la biodiversitĂ© dans les zones d’importance prioritaire en promouvant leur mise en valeur sur les marchĂ©s au service de l’ économie et du dĂ©veloppement durable.

En parallĂšle, un rĂŽle efficace au plan politique et mĂ©diatique a Ă©tĂ© jouĂ© par la puissante Business for Nature, une coalition regroupant plus de 70 organisations, liĂ©es ou soutenues par le monde du business et les institutions publiques, dont on peut mentionner, Ă  titre d’exemple : World Economic Forum, World Business Council for Sustainable Development, Capitals Coalition, WWF, International Union for the Conservation of Nature-IUCN, The Nature Conservancy, Bird Life International, CDP, UN-WCMC, World Ressources Institute
(16).

 

Les décisions de la COP15. La consécration de la financiarisation de la nature

L’Accord de Kunming-MontrĂ©al porte sur 4 objectifs majeurs articulĂ©s autour de 23 cibles. (17)

Eh bien, la cible 2 e 3 approuvent le principe de la mise sous protection respectivement de 30% du monde naturel de la planĂšte dans une logique de conservation et d’amĂ©lioration de leur biodiversitĂ© et de 30% des zones les plus dĂ©gradĂ©es et en perte de biodiversitĂ© visant leur restauration d’ici 2030.

L’objectif de la Capitals Coalition a Ă©tĂ© fait sien par la COP15.

« CIBLE 2.  Faire en sorte que, d’ici Ă  2030, au moins 30% des zones d’Ă©cosystĂšmes terrestres, d’eaux intĂ©rieures, cĂŽtiers et marins dĂ©gradĂ©s fassent l’objet d’une restauration effective, afin de renforcer la biodiversitĂ© et les fonctions et services Ă©cosystĂ©miques, l’intĂ©gritĂ© Ă©cologique et la connectivitĂ©.

CIBLE 3; Faire en sorte et permettre que, d’ici 2030, au moins 30% des zones terrestres, des eaux intĂ©rieures et des zones cĂŽtiĂšres et marines, en particulier les zones revĂȘtant une importance particuliĂšre pour la biodiversitĂ© et les fonctions et services des Ă©cosystĂšmes, soient effectivement conservĂ©es et gĂ©rĂ©es par des rĂ©seaux d’aires protĂ©gĂ©es Ă©cologiquement 
. »

La sociĂ©tĂ© civile avait proposĂ© 50%, mais la COP a prĂ©fĂ©rĂ© suivre les propositions du monde du business et de la finance. Fait contradictoire et apparemment paradoxal. Les propositions de la COP ont Ă©tĂ© cependant rejetĂ©es par les États-Unis sous la pression des RĂ©publicains dĂ©fenseurs des intĂ©rĂȘts de la puissante industrie fossile USA. MĂȘme Black Rock a hĂ©sitĂ© Ă  les approuver devant la forte hostilitĂ© des compagnies Ă©nergĂ©tiques et minĂ©raliĂšres reprĂ©sentant un poids important dans son portefeuille d’actifs financiers. Signe d’un affaiblissement croissant du monde des dominants concernant leur tiĂšde engagement en faveur de la transition vers une Ă©conomie libĂ©rĂ©e du fossile. En outre, la COP15 met clairement en lumiĂšre le jeu cynique impĂ©rial des États-Unis qui, malgrĂ© leur refus de participer formellement Ă  la COP15 et donc de signer l’accord final, ont pesĂ© lourdement sur ses rĂ©sultats. Encore une fois, les États-Unis ont agi en tant que principal ennemi de tout effort de la communautĂ© internationale visant Ă  se donner des rĂ©gulations dans l’intĂ©rĂȘt de tous les habitants de la Terre. Jusqu’à quand la communautĂ© internationale acceptera-t-elle cette situation inadmissible ?

Évidemment, la COP n’a pas dit que la gestion de ces 30% devait ĂȘtre confiĂ©e aux Natural Assets Corporations. Comme le montrent les cibles qui suivent, la substance va dans cette direction.

Les cibles 14 et 15 traitent de la nĂ©cessitĂ© et de l’urgence de procĂ©der Ă  l’intĂ©gration de la valeur de la nature dans la « comptabilité » Ă©conomique. Comme on l‘a vu plus haut, une question clĂ© au cƓur de la financiarisation. Elles reprennent, Ă  nouveau, de maniĂšre quasiment intĂ©grale les thĂšses dĂ©veloppĂ©es Ă  ce sujet dans le Natural Capital Protocol :

CIBLE 14. Assurer la pleine intĂ©gration de la biodiversitĂ© et de ses multiples valeurs dans les politiques, les rĂ©glementations, les processus de planification et de dĂ©veloppement, les stratĂ©gies d’Ă©radication de la pauvretĂ©, les Ă©valuations environnementales stratĂ©giques, les Ă©valuations d’impact sur l’environnement et, le cas Ă©chĂ©ant, la comptabilitĂ© nationale, Ă  tous les niveaux de gouvernement et dans tous les secteurs, en particulier ceux qui ont des impacts importants sur la biodiversitĂ©, en alignant progressivement toutes les activitĂ©s publiques et privĂ©es, les flux fiscaux et financiers pertinents sur les buts et objectifs du prĂ©sent cadre.

CIBLE 15.Prendre des mesures juridiques, administratives ou politiques pour encourager et habiliter les entreprises, et en particulier pour s’assurer que les grandes sociĂ©tĂ©s transnationales et les institutions financiĂšres

(a) contrĂŽlent, Ă©valuent et divulguent rĂ©guliĂšrement et de maniĂšre transparente leurs risques, leurs dĂ©pendances et leurs impacts sur la biodiversitĂ©, y compris en imposant des exigences Ă  toutes les grandes entreprises et institutions financiĂšres, ainsi qu’aux transnationales, tout au long de leurs opĂ©rations, de leurs chaĂźnes d’approvisionnement et de valeur et de leurs portefeuilles ;

(b) fournissent les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables ;

(c) rendent compte du respect des rĂ©glementations et mesures relatives Ă  l’accĂšs et au partage des avantages, le cas Ă©chĂ©ant (
);

La cible 14 parle mĂȘme d’aligner progressivement toutes les activitĂ©s publiques et privĂ©es, les flux fiscaux et financiers pertinents sur les buts et objectifs du prĂ©sent accord !

La COP n’a pas acceptĂ© de rendre obligatoires pour les entreprises (cible 15) la rĂ©alisation et la publication des analyses d’impact et d’évaluation des risques liĂ©s à la dĂ©pendance des activitĂ©s Ă©conomiques de la nature.. Il s’agissait d’une proposition sur laquelle le monde du business et de la finance a insistĂ© avec force par des appels et des rencontres avant et pendant les travaux de la COP. Celle-ci n’a pas acceptĂ© non pas par souci Ă©cologique et de dĂ©mocratie, mais en raison toujours de l’opposition des entreprises « fossiles » fort polluantes. L’association Agora des Habitants de la Terre a ouvertement manifestĂ© le 10 dĂ©cembre contre l’obligatoriĂ©tĂ©, car, dans le cadre des principes et des rĂšgles fixĂ©es par l’Accord, l’obligatoriĂ©tĂ© aurait donnĂ© un pouvoir de dĂ©cision et de contrĂŽle absolu sur la nature aux grandes entreprises privĂ©es financiĂšres et industrielles.

La piĂšce maĂźtresse est, cependant, constituĂ©e par la cible 19 qui promeut clairement la financiarisation de la nature. Un des amis italiens que j‘estime tout particuliĂšrement, Paolo Cacciari, en lisant la cible 19 a affirmĂ© qu’il s’agit bel et bien de financiarisation de la nature.

Le texte de la Cible 19 est ouvert par un paragraphe plutĂŽt fumigĂšne. Attention, en revanche, aux §§ c) d) et e). Le § f) fait rĂ©fĂ©rence aux droits des populations indigĂšnes concernant leurs territoires. C’est trĂšs important. L’Accord mentionne aussi le rĂŽle et les droits des femmes et des jeunes pour la conservation et la sauvegarde de la biodiversitĂ©. Dommage que la prĂ©sence de rĂ©fĂ©rences Ă  ces trois catĂ©gories de population dans les rĂ©solutions des confĂ©rences de l’ONU soit devenue une sorte de rituel administratif. Certes, c’est mieux que rien, mais les proclamations bureaucratiques des principes et des droits universels n’aident pas Ă  faire avancer leur concrĂ©tisation.

Revenant aux paragraphes, les paragraphes c), d) et e) dĂ©crivent les modalitĂ©s de la financiarisation de la nature. Cible 19. Augmenter substantiellement et progressivement le niveau des ressources financiĂšres provenant de toutes les sources (
) y compris les ressources nationales, internationales, publiques et privĂ©es, conformĂ©ment Ă  l’article 20 de la Convention, pour mettre en Ɠuvre les stratĂ©gies et plans d’action nationaux en matiĂšre de biodiversitĂ©, en mobilisant au moins 200 milliards de dollars des États-Unis par an d’ici Ă  2030, notamment en :

  1. Augmentant le total des ressources financiĂšres internationales liĂ©es Ă  la biodiversitĂ© provenant des pays dĂ©veloppĂ©s, y compris l’aide publique au dĂ©veloppement, et des pays qui assument volontairement les obligations des pays dĂ©veloppĂ©s en faveur des pays en dĂ©veloppement, en particulier les pays les moins avancĂ©s et les petits États insulaires en dĂ©veloppement, ainsi que les pays Ă  Ă©conomie en transition, pour atteindre au moins 20 milliards de dollars US par an d’ici 2025, et au moins 30 milliards de dollars US par an d’ici 2030;
  2.  augmentant sensiblement la mobilisation des ressources nationales, facilitĂ©e par la prĂ©paration et la mise en Ɠuvre de plans nationaux de financement de la biodiversitĂ© ou d’instruments similaires, en fonction des besoins, des prioritĂ©s et des circonstances propres Ă  chaque pays;
  3.  tirant parti des financements privĂ©s, promouvoir les financements mixtes, mettre en Ɠuvre des stratĂ©gies pour lever des ressources nouvelles et supplĂ©mentaires, et encourager le secteur privĂ© Ă  investir dans la biodiversitĂ©, notamment par le biais de fonds d’impact et d’autres instruments ;
  4.  stimulant les systÚmes innovants tels que le paiement des services écosystémiques, les obligations vertes, les compensations et les crédits en faveur de la biodiversité, les mécanismes de partage des avantages, avec des garanties environnementales et sociales;
  5.  optimisant les co-bénéfices et les synergies des financements ciblant la biodiversité et les crises climatiques ;
  6.  renforçant le rÎle des actions collectives, notamment celles des populations autochtones et des communautés locales, des actions centrées sur la Terre nourriciÚre et des approches non fondées sur le marché, y compris la gestion communautaire des ressources naturelles, ainsi que la coopération et la solidarité de la société civile en vue de la conservation de la diversité

Oui, la COP15 a Ă©tĂ© marquĂ©e par une victoire de la sociĂ©tĂ© capitaliste. Celle-ci a rĂ©alisĂ© un hold-up « existentiel » sur et au dĂ©triment de la nature en toute lĂ©galitĂ©. Il s’agit d’un vĂ©ritable renversement de sens et de valeurs. Jusqu’à prĂ©sent, la nature a toujours Ă©tĂ© pensĂ©e et vĂ©cue en tant que fondement et cadre de rĂ©fĂ©rence de la vie de la Terre. La Nature MĂšre ! Par sa financiarisation, la nature est rĂ©duite Ă  une catĂ©gorie du systĂšme Ă©conomique, le capital naturel. Avant, le systĂšme Ă©conomique dĂ©pendait directement et indirectement de la nature. Celle-ci reprĂ©sentait la vie. Elle avait une valeur existentielle en soi fondamentale, dans tous les sens. Comme le dit la sagesse des peuples, les sociĂ©tĂ©s humaines, toutes, ont besoin de l’eau. La vie sans l’eau c’est le dĂ©sert, la mort. Mais l’eau n’a pas besoin de nous. Pire, aujourd’hui elle doit se dĂ©fendre des agressions des sociĂ©tĂ©s humaines. Si les sociĂ©tĂ©s humaines n’arrĂȘtent pas la mise en application des principes et des choix approuvĂ©s par la COP15, la valeur de la nature sera fixĂ©e essentiellement par sa valeur Ă©conomique, en particulier financiĂšre en tant qu’une catĂ©gorie, entre d’autres, d’asset (avoir) ».

Son prix monĂ©taire, des marchĂ©s financiers, est un non-sens. Il ne peut pas dĂ©terminer le sens de la vie. On parle beaucoup de civilisation post-humaine. Pour cela, il ne faut pas attendre que les futures gĂ©nĂ©rations de robots et d’autres machines (et rĂ©seaux de machines) crĂ©Ă©es par l’intelligence artificielle le fassent. La finance est en train de le faire en liens Ă©troits et avec l’aide de la technologie en puissance croissante grĂące Ă  l’IA.

Les sociĂ©tĂ©s humaines doivent sans tarder donner vie Ă  une action de rĂ©sistance et de construction alternative planĂ©taire contre le totalitarisme Ă©conomique, une sorte de « World Coalition for Life. The Other Agenda » pour la promotion d’un autre agenda mondial pour la biodiversitĂ©, la nature, la vie, les droits universels et les biens communs publics mondiaux. Parmi les champs d’action, celui de la reconnaissance des droits de la nature est d’importance primordiale, comme ceux de la libĂ©ration de l’eau et de la nature de la finance, l’abolition des brevets sur le vivant et l’intelligence artificielle, la privatisation de la monnaie, la mise en place de structures et d’institutions politiques de rĂ©gulation du vivre ensemble Ă  l’échelle de la planĂšte.

Rendez-vous d’ici une dizaine de jours pour un deuxiĂšme document « La financiarisation de la nature, de la vie. L’indispensable rĂ©volte et construction. Propositions pour dĂ©bat et action. »

 

Riccardo Petrella,
professeur Ă©mĂ©rite de l’UniversitĂ© de Louvain (B), Agora des Habitants de la Terre

 

Notes

(1)https://www.reuters.com/business/sustainable-business/how-business-helped-drive-historic-agreement-nature-cop15-2022-12-2. Voir aussi le communiqué de presse « t triomphaliste » de la Commission européenne, « COP 15 : Historic global deal for nature and people », https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_22_7834op

(2) Cfr. Une bonne présentation des résultats de Rio+20 dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_des_Nations_unies_sur_le_d%C3%A9veloppement_durable, dans laquelle on fiat référence à la monétisation de la nature.

(3)Pensez que font partie de la plus puissante coalition d’entreprises au monde (presque 200) dĂ©diĂ©e au dĂ©veloppement durable, la World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) ; ABB, Bayer, Basf, BMW, British Petroleum, Cargill, Chevron, Danone, Dupont, Dow Chemicals, ENI, Engie, Henkel, IKEA, Mitsubishi, NestlĂ©, Peronas, Pirelli,, Shell, DSiemes, Syngenta, Toyota, Unilever, Walmart 
.. ! Cfr. https://www.wbcsd.org/Overview/Our-members/Members

(4) Sur ces questions, voir la section dĂ©diĂ©e Ă  la mystification de la conception du « dĂ©veloppement durable » dans Riccardo Petrella, Au nom de l’humanité », Couleur Livres, Bruxelles, 2015

(5) Au sujet du « développement durable» la position du monde du business et de la finance

est « structurellement » contradictoire et ambiguĂ« n’excluant pas des entrepreneurs « hors du clan ». toujours est-il que la grande majoritĂ© des « business and finance people » ne va pas au-delĂ  d’un « capitalisme vert » bon pĂšre de famille

(6) Voir https://agora-humanite.org/la-sante-pour-tous-le-conflit-entre-les-groupes-sociaux-dominants-et-les-domines-est-desormais-clair/ et https://agora-humanite.org/le-marche-mondial-des-vaccins-potentiels-contre-le-covid-19-peut-rapporter-des-millions-sans-pour-autant-guerir-un-patient/

(7) UNEP, International Conference on Water and the Environment: Development Issues for the 2lst century, Dublin 1992 https://wedocs.unep.org/20.500.11822/30961

(8)Voir,aujlurdui,https://documents.worldbank.org/en/publication/documents-reports/documentdetail/978191614167678978/water-resource-management-working-to-improve-water-security. Les principes fondateurs et les propositions en matiĂšre de gestion n’ont pas changĂ© ces 30 derniĂšres annĂ©es !

(9) Le principe de la rĂ©cupĂ©ration totale des coĂ»ts a Ă©tĂ© consacrĂ© dans la Directive Cadre EuropĂ©enne de l’an 2000, art.9. Voir Directive 2000/60/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 23 octobre 2000 Ă©tablissant un cadre pour une politique communautaire dans le do(10) Sur linmaine de l’eau

(10) Sur l’indissociabilitĂ© entre les droits universels et les biens communs publics mondiaux voir Entretiens « Personne ne peut ĂȘtre interdit d’accĂšs aux biens communs », Tikographie, https://www.tikographie.fr

(11) Voir note 4

(12) https://www.weforum.org

(13) Larry Fink’s Annual 2020 Letter to CEOs – BlackRock, https://www.blackrock.com

(14) Voir https://agora-humanite.org/dossier-manifestations-liberons-leau-de-la-bourse/ et https://agora-humanite.org/rivers-in-revolt-engulf-the-worlds-stock-markets/

(15) Natural Capital Protocol, Janvier 2021, https://www.nationalcapitalcoalitio.org

(16) Business for Nature, https://www.businessfornature.org

(17) https://www.cbd.int/article/cop15-cbd-press-release-final-19dec2022

(18) Alerte, AHT, Appel à l’occasion de la COP15, www.agora-humanite.org

 

 

 

Annexe 1. Initiatives prises par le monde de la finance en faveur de la financiarisation de la nature

 

A partir de 2012 on ne compte plus les initiatives prises, Ă  vocation internationale/mondiale, par des organismes privĂ©s du monde de la finance en faveur de la financiarisation de la nature, le plus souvent avec le soutien des pouvoirs publics. La liste n’est pas exhaustive. Elle n’inclut pas les initiatives prises au plan national.

 

La Natural Capitals Finance Alliance (NCFA), a Ă©tĂ© Ă  l’origine de la Natural Capital Declaration
 signĂ©e par plus de 350 entreprises et prĂ©sentĂ©e au Premier Sommet de la Terre de 2012. Font partie : l’UNEP-FI, l’ONG Global Canopy et des institutions financiĂšres telles que Actiam, ASN Bank, Caisse des DĂ©pĂŽts, City Group, IFC, Robeco, UniCredit, etc.),. Elle a Ă©galement contribuĂ© Ă  la rĂ©daction du Natural Capitals Prootocol (dont ci-aprĂšs) et a lancĂ© le projet ENCORE (voir dessous)

 Business for Nature (BFN) : coalition regroupant plus de 70 organisations parmi.lesquelles World Economic Forum, World Business Council for Sustainable Development, Capitals Coalition, WWF, IUCN, The Nature Conservancy, Bird Life International, CDP, UN-WCMC, World Ressources Institute
..La coalition a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant au sein de la COP15 en faveur de l’adoption d’un cadre mondial pour la biodiversitĂ© post Convention des Nations Unies sur la diversitĂ© biologique de 2020 (CDB. Elle a aussi pris l’initiative de demander que les mesures d’impacts des activitĂ©s des entreprises sur la nature et de la dĂ©pendance de leurs activitĂ©s de la nature soient obligatoires ainsi que leur publication. https://www.businessfornature.org/news/business-call-for-mandatory-nature-assessment-and-disclosure-at-cop15.

 

La Natural Capitals Coalition, sans doute la plus importante coalition dans le domaine,. Elle regroupe plus de 400 organisations. Elle a Ă©laborĂ©, entre autres, le Natural Capitasl Protocol visant Ă  permettre d’identifier, de mesurer et de valoriser leurs impacts directs et indirects et leurs dĂ©pendances vis-Ă -vis du capital naturel. Une sorte de vademecum Ă  l’usage des entreprises et des institutions publiques

 

Act4Nature, programme d’action lancĂ© en 2018 en faveur de la biodiversitĂ© pour les entreprises multinationales françaises par l’association des Entreprises pour l’Environnement (EpE).

 

la Plateform EU Business and Biodiversity (EU B@B), depuis 2016, financée par la Commission européenne. Rappelons que la Commission a créé au sein de son adminisrration une division « Natural Capitals »

 

Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure (ENCORE), vise Ă  dĂ©velopper un outil d’évaluation des risques relatifs au capital naturel. L’outil a Ă©tĂ© utilisĂ© par le World Economic Forum dans son rapport « Nature Risk Rising » pour estimer les 44 trillions de PIB fortement dĂ©pendants des services Ă©cosystĂ©miques.

 

Principles for Responsible Banking and Principles for Responsible Investment, : coalitions d’acteurs financiers actifs notamment dans l’industrie forestiĂšre minĂ©raliĂšre
,

 

Nature Action 100. Initiative proposĂ©e par la Banque Mondiale s’inspirant de l’initiative Climate Action 100 + sur le changement climatique pour renforcer l’engagement actionnarial des investisseurs envers les entreprises ayant le plus d’impact sur la biodiversitĂ©;

 

Finance for Biodiversity Pledge, depuis 2020, coalition de 26 institutions financiÚres engagées dans la protection de la biodiversité. A la veille de la COP 15 elle a lancé un appel à prendre des mesures ambitieuses dans la ligne des propositions de Nature Action 100

 

Align: initiative europĂ©enne, lancĂ©e en mars 2021, portant sur l’harmonisation des mĂ©thodologies de mesure d’impact des activitĂ©s Ă©conomiques sur la nature.

 

La Task Force on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) : groupe de travail dirigĂ© par 4 organisations – le Programme des Nations Unies pour le dĂ©veloppement (PNUD), l’Initiative financiĂšre du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP FI), le Fonds mondial pour la nature et Global Canopy. Il comporte 40 membres issus du secteur privĂ© (notamment agences de notation de crĂ©dit).

 

 Club B4B+ : initiative pilotĂ©e par CDC BiodiversitĂ©, rassemblant des entreprises et institutions financiĂšres en vue de dĂ©velopper et expĂ©rimenter le Global Biodiversity Score (GBS), un outil de mesure d’empreinte BiodiversitĂ© des entreprises et institutions financiĂšres (lancĂ© en mai 2020).

 

ComitĂ© de Pilotage du Corporate Biodiversity Footprint (CBF) : portĂ© depuis septembre 2020 par Iceberg Data Lab et I Care faisant suite Ă  l’appel d’un groupe de gestionnaires d’actifs financiers visant l’adoption de mĂ©triques d’impact sur la biodiversitĂ©. Dans le mĂȘme sens, voir Partnership for Biodiversity Accounting Financials (PBAF) : partenariat entre plusieurs institutions financiĂšres, travaillant au dĂ©veloppement d’un ensemble de principes harmonisĂ©s autour de la mesure de l’impact des investissements sur la biodiversitĂ©

Network for Greening the Financial System (NGFS) : réseau de banques centrales sur le partage des recommandations méthodologiques notamment sur la gestion des risques environnementaux.

 

Parmi les sources, citons

https://www.fondationbiodiversite.fr/wp9content/uploads/2019/10/FRB-Rapport-valeurs-biodiversite-1.pdf.