Tragédie sociale en méditerranée : jusqu’à quand ?

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Les estimations sont prudentes, mais on parle d’un minimum de 26 000 êtres humains morts en Méditerranée de 2014 à janvier 2023 en tentant d’accoster sur les rivages européens convoités de la « Mare Nostrum ».

Combien de milliers de migrants africains, moyen-orientaux et même asiatiques devront encore mourir en mer, sans compter ceux par voie terrestre, pour que nos dirigeants européens, mais aussi ceux des pays qu’ils fuient, prennent des mesures pour atteindre le « Zéro mort de migrant en Méditerranée » et définissent un nouveau « Traité constitutif entre les peuples de la Méditerranée » basé sur la justice, l’égalité en droits, la liberté et la fraternité ?

Les 63 décès constatés lors du naufrage en Italie le dimanche 26 février dernier ne sont pas le résultat d’un accident naturel, ne constituent pas non plus un drame humain, aussi douloureux soit-il.  Ils sont l’expression d’une tragédie sociale structurelle dont la responsabilité incombe d’abord aux dirigeants européens et aussi, en partie, à ceux des pays qu’ils fuient. Généralement, d’anciennes colonies des puissances européennes.

 

Mettre fin à la tragédie sociale

C’est l’histoire de la tragédie sociale causée et alimentée par l’injustice, l’irresponsabilité, l’inefficacité et l’égoïsme des groupes sociaux dominants des pays concernés. Lorsque des gouvernements européens soutiennent depuis des années que la solution consiste à arrêter les départs de migrants – rendus « illégaux » parce qu’ils sont indésirables pour des raisons principalement économiques (beaucoup sans qualification ou parce que ce sont des femmes et des enfants…) – pour favoriser l’entrée d’immigrants utiles parce qu’ils sont des ressources humaines rentables pour l’économie nationale, nous sommes alors au cœur des facteurs générant la tragédie sociale.

Nous sommes loin des valeurs éthiques, sociales et politiques inspirées par une vision humaniste et respectueuse de la déclaration des droits universels.

Nous sommes en présence de choix d’exclusion sociale, de rejet de l’autre parce qu’il est source de coûts et non de bénéfices.

Nous sommes face à des sociétés humaines qui raisonnent et agissent principalement selon des critères inhumains, non sociaux. Dans ces sociétés, la migration n’est pas un phénomène social collectif. La politique qui y est proposée est celle des murs dans tous les domaines, argument fallacieux au nom de la sécurité nationale. Les murs de séparation, d’exclusion, de haine, de honte… n’ont jamais créé d’histoires heureuses, mais bien des histoires tragiques. Aujourd’hui, le plus long et le plus haut mur « infranchissable » est celui construit par le pays le plus puissant du monde, les États-Unis, pour « se défendre contre l’invasion des latino-américains » ! Et cela mènera à une histoire peu glorieuse…

 

La bonne volonté des peuples de la Méditerranée

Membres de deux petites coalitions associatives – l’Agora des habitants de la Terre et la Convention des droits en Méditerranée – nous pensons que le devenir des peuples de la Méditerranée ne réside pas dans l’édification de murs, mais dans la vie en commun avec les autres en construisant des imbrications toujours plus fortes et en partageant la dignité, la justice, la liberté et la fraternité.

Nous avons besoin, au-delà de la diversité et des inévitables conflits entre les personnes et entre les groupes sociaux, de nouvelles règles de la maison (économie, oikos nomos) concernant les biens communs essentiels à la vie tels que l’eau, l’agriculture, la santé, les activités industrielles durables, la connaissance… et nous pouvons apprendre à nous reconnaître, à retrouver les liens entre nos histoires, nos identités territoriales et communautaires.

La diversité et la pluralité peuvent être au cœur de vastes créations en commun, ouvertes sur le monde. Ne restons pas sujets du modèle de société qui s’est avéré et s’avère de plus en plus un système de domination et de prédation basé sur l’inégalité structurelle.

Avec la Convention, nous avons proposé une série de chemins, d’actions, de projets (voir le site agora-humanite.org).

À notre niveau, les priorités concrètes et immédiates sont :

  • l’élaboration d’une Charte européenne de principes et de modalités sur les migrations (post-Dublin) accompagnée d’un Plan d’action à moyen terme 2023-2028 ;
  • l’ouverture de routes migratoires sûres et légales sous la responsabilité d’un Comité méditerranéen composé majoritairement de représentants d’ONG reconnues par les pouvoirs publics ;
  • le renforcement du fonctionnement et des missions de la commission parlementaire au sein du Parlement européen pour les relations avec la Méditerranée ;
  • la réutilisation des milliards alloués à certains pays pour empêcher le départ des migrants de leurs territoires en les affectant à un fonds public européen destiné à financer des projets pour de nouvelles règles de la maison mentionnées ci-dessus, notamment en ce qui concerne l’eau, l’agriculture, la santé, le logement et le développement et les applications des technologies d’IA (intelligence artificielle), autres que celles actuellement en place.

La Méditerranée a toutes les capacités pour devenir l’un des nouveaux points de départ et de constitution du monde, visant à construire une communauté de vie terrestre plus juste, plus belle, plus joyeuse et plus pacifique, en étant la jonction incontournable entre le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe.

Agora des habitants de la Terre – Convention des droits de la Méditerranée